19/5/2022

Françoise, salariée et aidante, comme 4 millions de personnes en France

Françoise s'est confiée à nous, au cours d'une interview qui nous a bouleversé. Elle a 46 ans, et est aidante  de ses deux parents dépendants : un papa âgé de 87 ans qui a vu son état de santé se détériorer depuis une dizaine d’années suite à une carrière épuisante physiquement ; une maman de 84 ans atteinte de démence sénile et dépressive à tendance suicidaire depuis une quarantaine d’années. Françoise se bat depuis toutes ces années pour sa maman.

Françoise mène un double combat car elle est aussi la mère célibataire d’un petit garçon de 12 ans qui, à force de côtoyer sa grand-mère atteinte de dépression chronique, s’est mis à utiliser la menace du suicide pour gérer un stress ou une frustration. Suite au suivi psychologique de son enfant, il lui a été conseillé que le jeune garçon et sa grand-mère ne devaient pas se voir pour ne pas s’influencer mutuellement. Elle se retrouve donc bloquée sachant que son fils, au regard de son âge, l’accompagnait lors des visites au domicile de ses parents.

Aujourd’hui Françoise est épuisée, son corps dit STOP. Tiraillée entre un travail à temps complet, son fils et ses deux parents. Ce combat qu’elle mène depuis tout ce temps l’a conduit à un burn-out.

En effet, Françoise se retrouve à assumer les tâches du quotidien comme faire les courses, gérer l’administratif, prendre soin de ses parents à raison de 3 fois par semaine.

Elle a tout de même réussi à mettre en place des aides au domicile de ses parents pour le ménage, pour les repas afin que son père puisse s’alimenter ou encore pour la toilette. Sur le plan médical, des infirmières, un kinésithérapeute passent chez eux afin de leur donner les médicaments nécessaires ou encore les faire marcher.

Elle souhaiterait avoir plus de temps pour elle, mais cela lui semble impossible. Comment prendre du temps pour elle alors que ses parents ont besoin d’elle ?

Aujourd’hui Françoise nous dit qu’elle se sent coupable de son burn-out car elle ne sait pas dire « non » ou poser des limites vis-à-vis de ses parents ou encore de son enfant. Elle souffre beaucoup de l’exigence, de la dépendance.

Elle se confie « Même si on ne peut pas, pour ne pas le faire de la peine, et bien on se débrouille quand même. C’est difficile de les satisfaire et ils en demandent toujours plus, c’est un cercle vicieux »

Du côté professionnel, cette situation a évidemment eu un impact sur son travail.

Ses parents, et plus particulièrement sa mère qui la sollicite constamment.... Cela pose un vrai problème. Sa mère, très angoissée, a rapidement tendance à s’inquiéter dès lors que Françoise ne lui répond pas.

Coincée entre ses missions au travail et les appels récurrents de sa mère, Françoise se dit impuissante.

D’autant plus que ses managers s’en plaignent. Impossible de faire comprendre à sa mère de ne pas lui téléphoner, lorsqu’elle est au travail, ou seulement en cas d’urgence. Françoise se retrouve exténuée psychologiquement à devoir tout gérer en même temps.

Une pression constante que Françoise subit, entre la peur de perdre son père qui a déjà failli perdre la vie deux ans auparavant et les demandes constantes de sa mère. Elle avance donc dans un stress permanent.

« Je ne fais que ça : me battre », c’est à bout que Françoise se confie.

Ce ne sont pas les démarches qu’elle a entreprises qui manquent. Elle a contacté des associations pour trouver des solutions afin de soulager son quotidien mais la seule solution qui lui a été proposée, c’est de faire venir ses parents à son domicile personnel. Impossible : Sa mère et son fils ne doivent pas se croiser.

Elle se retrouve donc bloquée.

Françoise est à bout, psychologiquement, physiquement. Elle cherche de l’aide autour d’elle mais trouver des psychologues afin de convenir des rendez-vous, semble être mission impossible.

Du côté physique, elle souffre de grosses douleurs au dos…elle s’épuise. Elle sent que son corps lui envoie un « SOS » mais elle ne peut pas s’écouter.

Du côté financier, c’est un souci de plus au quotidien de Françoise.

Toute aide qu’elle peut trouver pour ses parents a un coût. Devoir subvenir aux besoins de son fils, d’elle-même et de ses parents…pas simple quand on a de petits revenus et de petites retraites. Elle se retrouve sans arrêt dans la gestion des comptes à chercher où et comment faire des économies.

L’isolement que subit Françoise est très pesant, son temps passé auprès de sa famille, l’a été au détriment de ses relations sociales .Elle nous dit « Je me suis épuisée moi-même et j’ai épuisé mon entourage, je me sens très seule ».

Malgré tout, elle est heureuse d’être arrivée à aider ses parents à rester encore ensemble à leur domicile.

Nous tenons à remercier Françoise pour ce moment passé ensemble. Faites comme Françoise qui à le courage de parler de son quotidien. C’est à vous maintenant d’en parler, car, tous ensemble, nous pouvons faire avancer les choses.